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De l'auto-flagellation à l'auto-compassion

 

« Mais qu’ai-je encore fait ? »,  « Pourquoi n’ai-je pas réagi plus tôt ? »,   « J’aurais dû faire ceci ou cela »,   « Je suis quand même nul(le) »,   « Mais quel c…(ne). »,   « Si seulement j’avais pris les choses en main », « Mais pourquoi je me laisse toujours faire ? », « Décidément, tu n’es bon(ne) à rien », « Comme je me sens coupable et/ou honteux », « je ne suis pas à la hauteur », « je suis un(e  ) mauvais(e ) père / mère » …

 

 

 

 

 

L’une ou plusieurs de ces affirmations et questions vous parlent-elles ?   Celles-ci font partie du registre interne que je qualifie d’auto-flagellation.      Il s’agit de jugements souvent péremptoires à notre égard, qui nous figent dans des positions de victimes ou de bourreaux, nous enlevant une partie importante voire toute capacité d’ouverture au changement et à l’action.

 

 

D’où provient cette auto-flagellation ?

 

 

Sur le plan individuel, elle traduit les croyances que l’on a fait siennes, qui ont peu à peu altéré l’image et l’estime de soi.    Ces croyances se sont installées au contact de nos parents et éducateurs au sens large.  Les regards, paroles ou non-dits se sont imprégnés en nous comme des marques qui nous paraissent indélébiles.  L’un(e) se souviendra d’un bulletin commenté par : « c’est pas mal mais cela aurait pu être beaucoup mieux », l’autre de l’expression de la déception sur le visage d’un parent lors d’une représentation musicale ou sportive.    Un(e) autre encore se souviendra que d’aussi loin qu’il(elle) se rappelle, son frère ou sa sœur a toujours reçu plus d’attention.    Un(e) autre encore se rappellera que personne ne l’attendait et se dira qu’il(elle) n’a pas beaucoup de valeur.   Les scènes possibles qui participent à la construction du film que l’on se fait de soi sont aussi nombreuses qu’il y a d’individus, chacun interprétant et intégrant les situations de manière subjective  et personnelle.     Nous nous rejouons le film, sans parfois nous en rappeler toutes les scènes.    La dernière image reste toutefois dans la mémoire : l’image biaisée que l’on se fait de soi, qui porte plus ou moins atteinte à l’estime de soi.

 

 

Sur le plan collectif, elle résulte des injonctions paradoxales d’une culture contemporaine axée sur la performance et l’urgence sur fond d’individualisme.  "Tout est possible", "Se construire seul dans un contexte ultra concurrentiel", "être performant dans un laps de temps de plus en plus réduit (tout toujours plus vite, sans temps de réflexion, sans prise de recul) dans les sphères privée et professionnelle" sont des injonctions  qui atteignent l’image et l’estime de soi, parfois gravement comme l’indique l’augmentation des maladies psychosomatiques, de la dépression, du burn-out et des addictions.  La pression d’être le constructeur de soi, l’entrepreneur de sa vie qui a développé une véritable obsession de gagner, de réussir, de se rendre visible participent indéniablement de la difficulté de se sentir à la hauteur.  De ces cultes de l’urgence et de la performance résultent également une augmentation de consommation d’anxiolytiques et d’antidépresseurs.  La phrase suivante prononcée par le psychiatre J. Thuillier est très explicite : "Les tranquillisants nous aident à nous mettre et à nous maintenir en scène quand nous avons le trac de paraître devant notre public, et surtout, devant nous-mêmes".     Enfin, la pression constante exercée sur l’individu entraîne l’exclusion sociale de certains individus stigmatisés, catalogués comme non-entrepreneurs de leur vie.  Le sentiment de rejet provoqué par l’exclusion creuse la faille dans l’image et l’estime de soi, provoquant ou renforçant pour certains des assuétudes et comportements à risque.

 

 

Et bien, il n’y a rien à faire me direz-vous, nous n’allons quand même pas refaire notre éducation ni changer la société me répondront quelques-uns.  

 

 

Et si c’était possible, petit à petit, au départ de soi ?   Et si le premier pas était de prendre conscience de l’ensemble de nos auto-jugements et de leurs origines ainsi que du mécanisme « automatique » d’auto-flagellation ?   Et si dans un premier temps nous accueillions l’ensemble tel qu’il est ?   Et si dans un second temps, nous nous adressions à nous avec douceur, bienveillance et compassion ?   Et si nous acceptions notre imperfection ?  Et si nous ouvrions la porte au changement ?

 

 

Que ressentez-vous lorsque vous vous connectez à ce qui suit ? 

"Je suis vraiment nul(le) avec mon (mes) enfant(s), je n’y arriverai décidément jamais. Je suis comme cela depuis toujours et rien ne pourra me faire changer."

 

ou

 

"Oups, là dans ce cas précis je n’ai peut-être pas agi de la manière la plus appropriée qui soit.   Pas très fier(ère) de moi en ce moment.   Et encore ce sentiment d’être nul(le) qui me taraude.    Et pourtant il m’arrive de répondre plus calmement et d’entrer en dialogue.    Je ne suis pas donc pas si nul(le) que ça, je suis juste imparfait(e) et perfectible.  J’ai envie de me donner les moyens d’aborder les situations d’une autre manière.   Par quoi pourrais-je commencer pour améliorer ma façon d’être ?  Comment puis-je m’aider ou me faire aider ?  Quelles sont mes ressources ?"  

 

 

Quelle position vous ouvre au changement et vous invite le plus à l’action ?  Si vous êtes comme moi, c’est la deuxième proposition qui me fait vibrer positivement et que j’ai envie de suivre.       Celle-ci invite à l’auto-observation et la mise en conscience, au lâcher-prise et bien sûr à l’auto-compassion.     Accepter son imperfection et en même temps s’inviter à chercher des solutions et se mettre à l’action pour s’améliorer, à son rythme et en se respectant.    

 

 

Voici ce à quoi nous invite la Relaxe Attitude!     Nous relier à notre axe en conscience, en pratiquant le lâcher-prise, la compassion et la gratitude et ainsi déployer le potentiel qui sommeille en chacun de nous.     Les changements progressifs, au-delà de nous libérer de la prison de nos auto-jugements et de nos actes et/ou paroles inadéquats ou encore de notre inertie, auront un effet systémique sur notre entourage direct et indirect et ce faisant, participeront de l’évolution du monde.      Comme Thich Nhat Hanh l'affirme : "Si vous ne pouvez pas être compatissant envers vous-même, vous ne pourrez pas l’être envers les autres."

 

 

 

 

 

 

 

 

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