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L'art d’aimer : comprendre l'autre en se connaissant soi-même

Dans la réflexion ci-dessous, Fabrice Luchini met au centre la compréhension de soi comme clef de compréhension de l’autre :

 

«Pour être avec l’autre, il faut avoir compris des choses en soi. Si tu n’as rien compris en toi, si, comme dit Simone Weil, tu ne t'es pas élucidé un minimum , qu’est-ce que tu vas comprendre de l’autre ?

Tu ne comprendras de l’autre que ce que tu as vaguement compris de toi.

Je ne peux jouir de l’autre qu’en ayant de l’empathie, pour avoir de l’empathie il faut que je le comprenne.

Pour le comprendre, au sens premier (le prendre avec) il faut que je comprenne des choses en moi pour que ce qu’il est, résonne en moi.

Et pour que ça résonne en moi comme un , il faut quand même que je m’y sois colleté à ce que je suis (qui est minable, médiocre, chaotique, inconséquent), mais tant que tu n’as pas un début d’élucidation de ce que tu es, qu’est-ce que tu vas recevoir de l’autre ?!

Tu ne vas rien comprendre de l’autre parce que pour comprendre l’autre et bien il faut avoir compris soi.

Tu n’as de sympathie avec l’autre que ce que tu as accepté de sympathie avec toi. Une véritable sympathie pas une relation mondaine, c’est autre chose, ça c’est une ivresse.

Ce que je peux dire modestement, c’est que mon affection pour l’autre, ne peux pas ne pas dépendre de ce que j’ai accepté d’aimer un peu en moi.

Car si je ne connais rien du tout de moi et si je ne sais pas qui je suis, je vais être dans un tel état d’incertitudes, de non présence, que je ne vais rien voir dans l’autre, et, ici, la phrase de Nietzsche est admirable : " je ne vais voir dans l'autre qu’une confirmation de moi, je vais l’utiliser, l’instrumentaliser, pour en faire un spectateur et non pas une rencontre. »

 

Je vous propose ci-dessous quelques exemples concrets illustrant les idées-phares de Luchini.

 

  • Pour être avec l'autre, il faut d'abord se comprendre soi-même. Si nous ne nous connaissons pas, comment pouvons-nous vraiment comprendre l'autre ?  Nous ne percevons l'autre qu'à travers ce que nous avons compris de nous.

Par exemple, si je ne suis pas conscient.e de ma propre tendance à éviter les conflits, je pourrais mal interpréter l'attitude calme de mon ou de ma partenaire comme de l'indifférence, alors qu'il ou elle essaie simplement de maintenir la paix.    Si je n'ai pas compris que mon besoin de contrôle provient de mes insécurités, je risque de voir les décisions indépendantes de mon ou ma partenaire comme des menaces plutôt que des expressions de sa personnalité.  Ou encore si je ne reconnais pas ma propre peur de l'abandon, je pourrais mal interpréter les demandes d'espace de mon ou ma partenaire comme un rejet personnel plutôt que comme un besoin légitime d'autonomie.

 

  • L'empathie, essentielle pour apprécier l'autre, nécessite une compréhension personnelle.  Cela se produit lorsque nous explorons et acceptons nos propres défauts et faiblesses pour que l'autre puisse résonner en nous.

Par exemple, si j'accepte que je suis parfois jaloux.se, je serai plus enclin à comprendre et à soutenir mon ou ma partenaire lorsqu'il ou elle exprime ses propres insécurités, au lieu de le juger.   En reconnaissant que je peux être impatient.e, je développerai une meilleure tolérance pour les moments où mon ou ma partenaire a besoin de temps pour s'exprimer ou prendre des décisions.   Ou encore si je comprends ma tendance à m'isoler quand je suis stressé.e, je pourrai mieux soutenir mon ou ma partenaire lorsqu'il ou elle traverse des moments difficiles, au lieu de le ou la laisser se débattre seul.e.

 

  • Une véritable connexion avec l'autre dépend de notre acceptation et amour de soi.

Par exemple, si je ne me respecte pas et ne valorise pas mes propres besoins, je risque de chercher chez l'autre une validation constante, utilisant ainsi la relation pour combler un vide intérieur plutôt que de partager une véritable connexion.  Si je n'ai pas appris à gérer mes propres émotions, je pourrais m'attendre à ce que mon ou ma partenaire les régule pour moi, créant une dynamique déséquilibrée où l'autre est constamment responsable de mon bien-être.  Ou encore si je ne suis pas ancré.e dans mes propres valeurs, je pourrais me laisser influencer par celles de mon ou ma partenaire, perdant ainsi de vue qui je suis réellement et ce que je veux dans la relation.

 

  • Comme Nietzsche l’a exprimé, si nous ne nous connaissons pas, nous ne voyons l'autre que comme une confirmation de nous-mêmes, l'instrumentalisant au lieu de le rencontrer véritablement.

 

Par exemple, si je suis obsédé.e par l'idée d'être perçu.e comme une personne qui réussit, je pourrais choisir un.e partenaire en fonction ce qu’il ou elle peut apporter à mon image sociale, plutôt que pour qui il ou elle est réellement.  Si je ne connais pas mes propres passions et intérêts, je pourrais m'accrocher aux hobbies et passions de ma ou mon partenaire, non pas par intérêt authentique, mais pour éviter de confronter mon propre vide intérieur.  Ou encore si je suis souvent préoccupé.e par mes propres insécurités, je pourrais les projeter sur ma ou mon partenaire, en l'accusant d'intentions qu'il ou qu'elle n'a pas eues, pour confirmer mes propres craintes.

 

Comme ces quelques lignes le soulignent, il est impératif de se comprendre et de s’accepter pour pouvoir vraiment comprendre et aimer l’autre, ce qui sera porteur d'une relation authentique et durable. 

 

Que votre chemin d'introspection ouvre la voie à une vie de couple saine et épanouie !

 

 

 

 

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